L’œuvre intégrale de Bernanos
Découvrez, ici, toute la richesse des écrits de Georges Bernanos ; ses romans, ses nouvelles ou ses essais…
Sous le soleil de Satan
Le premier roman de Georges Bernanos est divisé en trois épisodes : l’introduction, Histoire de Mouchette, met en scène une fille fière et impulsive qui soupçonne en elle-même la présence de Satan. Elle tue l’homme qui l’a séduite et se heurte à la lâcheté d’un autre séducteur, le député Gallet. La première partie, La Tentation du désespoir, met en scène l’abbé Donissan qui, doutant de sa vocation, se retrouve aux prises avec les ruses, les déguisements, les avances directes et parfois même les menaces du diable. L’abbé rencontre Mouchette errant dans la campagne et lit avec pitié dans son passé. Il croit voir Dieu écrit dans son coeur, mais la rebelle choisit Satan et se suicide. L’agonisante réclamant Dieu, il l’arrache aux mains paternelles et la porte, tout ensanglantée, au pied de l’autel. Ce scandale vaut à l’abbé Donissan cinq ans de réclusion dans une trappe, après quoi il est nommé curé de Lumbres. La deuxième partie, Le Saint de Lumbres, nous le montre vieillissant, toujours humble et angoissé. Il croit un jour répondre à un appel de Dieu en essayant de ressusciter un enfant mort, mais un éclat de rire affreux lui révèle que Satan lui infligeait, par ce détour, la tentation de l’orgueil. L’enfant ne ressuscite pas, sa mère devient folle et l’abbé Donissan éprouve, dans son égarement, les premières atteintes d’une angine de poitrine. Sous le soleil de Satan a été porté à l’écran par Maurice Pialat, avec pour interprètes Gérard Depardieu et Sandrine Bonnaire. Le film a remporté la Palme d’or au Festival de Cannes 1987.
L’imposture
Lancé par le succès considérable de son tout premier roman, Sous le soleil de Satan paru en 1926, Georges Bernanos se jeta immédiatement dans l’écriture fiévreuse de L’Imposture, son deuxième roman. Avec sa suite La Joie, L’Imposture devait à l’origine ne former qu’un seul livre intitulé Les Ténèbres, qui eût donné toute la mesure du génie romanesque de Bernanos. Séparé de son versant lumineux, L’Imposture déroute puisque tout y semble pure noirceur : ténèbres de la foi, nuit des mensonges, imposture d’un prêtre qui lentement semble couler à pic dans le néant. Les personnages de ce roman paraissent tous êtres emprisonnés dans une cellule dont ils ne parviendront jamais à s’échapper. Un prêtre considéré comme un grand spécialiste de la vie mystique, Cénabre, prend conscience de ce qui va devenir une simple évidence, une fois le moment de stupeur glaciale passé : il a perdu la foi, peut-être même ne l’a-t-il jamais possédée et n’a-t-il fait que la singer. Nous pouvons même penser, à lire l’une des plus grandioses scènes jamais écrite de la littérature française qui décrit la fulgurante et douloureuse prise de conscience, par Cénabre, de son imposture, que la place laissée vide par Dieu a été remplie par son ennemi. L’Imposture, comme les mystères du Moyen Âge, décrit le combat surnaturel que Dieu et le diable se livrent sur une scène invisible : l’âme d’un homme.
La joie
Lancé par le succès considérable de son tout premier roman, Sous le soleil de Satan, Bernanos se jeta immédiatement dans l’écriture fiévreuse de L’Imposture. Son troisième roman, La Joie, suite de L’Imposture, a été récompensé par le Prix Femina en 1929. Ce roman se déroule dans le château artésien de M. de Clergerie, historien médiocre, obsédé d’ambitions académiques, né pour une carrière. Habitants de la demeure : la mère de M. de Clergerie, murée dans le mensonge que symbolise la détention d’un trousseau de clés ; Fiodor, le chauffeur russe éthéromane sensible au mysticisme ; Fernande, la cuisinière ; François, le valet. Et au milieu d’eux, personnage principal, Chantal de Clergerie, jeune fille radieusement belle, toute pureté, fraîcheur et joie – une joie mêlée de souffrance quand elle est extatique et dont elle est prête à faire le sacrifice pour le salut des autres…
« Bernanos, de sa poigne rude, nous maintient dans cet univers de la chute et de la Rédemption, qui est le nôtre à tous, croyants et incroyants. Car il n’est pas nécessaire d’avoir la foi pour s’y reconnaître […], tel est le pouvoir de cette œuvre fulgurante. » François Mauriac. « Il a écrit les plus belles scènes de la fiction moderne, par la profondeur et la puissance. » André Malraux. « Bernanos savait toutes ces choses qui nous font souffrir. C’est même de cela que sa grandeur était faite. Il avait beau se présenter à nous en veston, il était l’homme de l’invisible. » Julien Green
Un crime
Un jeune prêtre arrive en pleine nuit dans une bourgade des Alpes. À peine a-t-il posé sa valise qu’il réveille la bonne de cure pour avoir entendu un coup de feu. Crime ? Suicide ? Légitime défense ? Tout porte à croire que le drame s’est déroulé dans une demeure isolée. Une vieille dame y est retrouvée morte tandis qu’un homme agonise dans le jardin. D’autres drames surviennent bientôt, inexplicables et sans liens apparents. L’enquête, dans une ambiance lourde et atemporelle, dessine progressivement une bien étrange vérité ; de celles qui sidèrent et font dire que, par la nécessité de devoir écrire un roman policier, Bernanos a donné à la littérature un chef-d’œuvre méconnu.
Un mauvais rêve
Préface de Guillaume Louet et Sarah Lacoste. Deux romans mais une histoire commune ! Lorque Bernanos commence à écrire Un crime, il a alors deux manuscrits en chantier : Un mauvais rêve et Monsieur Ouine. Le manuscrit écarté d’Un crime a été retrouvé. Il permet de donner un meilleur texte pour Un mauvais rêve, roman né en partie du refus d’Un crime et resté inédit du vivant de l’auteur.
La presse en parle : « En 1934, Georges Bernanos décide d’écrire un roman policier (Un crime), pour des raisons financières. Respectant le genre, il s’en amuse et parvient à abuser son lecteur. Mais à chaque page, on reconnaît l’auteur dans son art du mensonge et de la dis- simulation. Un jeune prêtre vient d’arriver à Mégère, dans les Alpes. À peine installé au presbytère, le voilà réveillé par des cris et un coup de feu. Dans la nuit, on retrouve une vieille femme morte et, dans son jardin, un homme plongé dans le coma. A travers une enquête à tiroirs, Bernanos décrit toute une société villageoise, ses jalousies et ses aigreurs. Une curiosité. » Christine Ferniot, Télérama
« Ces textes sont beaucoup plus des romans bernanosiens que des polars (là non plus, l’auteur ne respecte pas les conventions). » Mathieu Lindon, Libération
Journal d’un curé de campagne
Grand prix du roman de l’Académie française en 1936, l’année de sa parution, Journal d’un curé de campagne est considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de la littérature française du XXe siècle.
« J’ai résolu de faire le journal d’un jeune prêtre, à son entrée dans une paroisse. Il va chercher midi à quatorze heures, se démener comme quatre, faire des projets mirifiques, qui échoueront naturellement, se laisser plus ou moins duper par des imbéciles, des vicieuses ou des salauds, et alors qu’il croira tout perdu, il aura servi le bon Dieu dans la mesure même où il croira l’avoir desservi. Sa naïveté aura eu raison de tout. » G.B. Un jeune prêtre vient d’être nommé curé d’Ambricourt, dans le nord de la France. Sa foi, sincère et profonde, son enthousiasme se heurtent rapidement à l’indifférence, à la lâcheté de ses paroissiens. Son désespoir, ses doutes, sa foi, ses tourments, c’est sur un cahier d’écolier qu’il va les confesser.
Nouvelle histoire de Mouchette
Mouchette, une jeune Picarde de quatorze ans, fuit l’école, ses brimades, et sa famille rongée par l’alcool, la misère et la maladie. Un soir d’orage, alors qu’elle erre dans les bois, trempée, perdue, elle rencontre un braconnier, le bel Arsène, qui lui propose un abri et lui raconte toutes sortes d’histoires destinées à le mettre en valeur. Déjà ivre, il est alors terrassé par une crise d’épilepsie. Revenu à lui, un violent désir pour la jeune fille le saisit et il abuse d’elle… Dans ce récit tragique d’une enfance sacrifiée, on retrouve les thèmes chers à Bernanos : le mal qui domine le monde, la solitude, la honte qui aboutit chez Mouchette à la haine de soi, et surtout la mort, omniprésente. Ecrit après le Journal d’un curé de campagne, un grand roman chrétien, vibrant de compassion et de colère.
Monsieur Ouine
« Mais quand le génie s’en mêle, quand la banalité de l’histoire est le support d’un sujet qui traduit ce qu’il y a de plus profond et de complexe dans la nature humaine, on est devant l’un de ces chefs-d’œuvre de la littérature qui défient le temps, riches de pages puissantes, de la fulgurance d’une réplique, du plomb d’un aphorisme, de la force des mots qui tirent leur efficacité de leur simplicité. Ainsi en est-il de Monsieur Ouine. » Pierre-Robert Leclercq Certainement le personnage le plus inquiétant de la galerie du roman international. Jean-Louis Bory, Le Magazine littéraire
Dialogues des carmélites
Autre ouvrage posthume, et célébrissime, Dialogues des carmélites : on en propose une édition qui fait clairement apparaître l’état du manuscrit laissé par Bernanos à sa mort (1948). Pour les romans publiés par l’écrivain, on est revenu aux particularités des éditions parues de son vivant, y compris pour Monsieur Ouine, jusqu’alors disponible dans une version augmentée en 1955 ; les pages ajoutées à cette date figurent désormais à leur place : en appendice – comme de nombreux autres documents, extraits de manuscrits, entretiens ou lettres. La voix qu’ils font entendre est la même que celle des romans (et des essais) ; Bernanos ne cherche pas à persuader son lecteur ou son interlocuteur : il veut le toucher. Il y parvient.